Naître jumeau, ce n’est pas qu’une question de hasard ou de destin. Dans 70 % des situations, la venue au monde de faux jumeaux s’explique par l’héritage génétique de la mère. Les pères, eux, n’ont que peu d’influence sur ce scénario. Quant aux vrais jumeaux, leur apparition reste, pour l’heure, un mystère quasi insondable : la science n’a pas encore percé tous les secrets de ce phénomène, qui ne suit aucune logique héréditaire. Dans ce paysage, les traitements contre l’infertilité rebattent les cartes et multiplient par cinq les probabilités d’attendre des jumeaux.
Impossible d’ignorer l’impact de l’âge maternel, des origines ethniques ou même des habitudes alimentaires sur la survenue d’une grossesse gémellaire. Mais il faut nuancer : la biologie varie selon le type de jumeaux et la façon dont les facteurs se combinent. Rien n’est jamais simple, surtout lorsqu’il s’agit de la génétique humaine.
Pourquoi certaines familles comptent plus de jumeaux que d’autres ?
On retrouve parfois, dans des lignées entières, plusieurs paires de faux jumeaux. Ce n’est pas une simple coïncidence. Ici, l’hérédité maternelle s’impose comme moteur. À la différence des jumeaux monozygotes, fruit d’un incroyable concours de circonstances, les jumeaux dizygotes sont liés à une capacité génétique : celle de libérer plusieurs ovules lors d’un même cycle. Ce trait, transmis par la mère, reste discret, mais il augmente nettement le risque de double fécondation.
Le cas de Roger Federer, champion de tennis et père de deux paires de faux jumeaux, en dit long sur ce phénomène héréditaire. Bien que la transmission se fasse prioritairement par la lignée maternelle, il arrive que le patrimoine se faufile du côté paternel, par l’intermédiaire des filles.
La génétique ne fait pas tout. L’âge de la mère intervient aussi : entre 35 et 39 ans, la production hormonale favorise davantage la libération de plusieurs ovocytes. À cela s’ajoutent les traitements de fertilité, stimulation ovarienne ou fécondation in vitro, qui boostent la probabilité d’ovulation multiple. Enfin, le contexte environnemental et les habitudes alimentaires jouent leur partition : certaines régions du monde affichent plus de naissances gémellaires, sans doute sous l’effet de régimes spécifiques ou de conditions de vie particulières.
Voici les principaux éléments qui expliquent ces différences familiales :
- Hérédité maternelle : moteur de la formation de jumeaux dizygotes
- Âge de la mère : le risque grimpe après 35 ans
- Traitements de fertilité : favorisent la conception de plusieurs embryons
- Facteurs environnementaux et nutritionnels : modulent la fréquence selon les régions
Jumeaux monozygotes et dizygotes : comprendre les différences biologiques
Les grossesses gémellaires n’obéissent pas toutes aux mêmes lois biologiques. Les jumeaux monozygotes, surnommés « vrais jumeaux », proviennent de la division d’un unique zygote. En clair, un ovule fécondé par un spermatozoïde se divise en deux, donnant naissance à deux enfants au patrimoine génétique identique. Même sexe, ressemblance frappante : pas de doute possible.
Le moment où la division se produit influence la configuration de la grossesse : deux placentas et deux sacs amniotiques (bichorioniques biamniotiques), un placenta commun mais deux sacs séparés (monochorioniques biamniotiques), ou, plus rarement, un unique placenta et un seul sac amniotique (monochorioniques monoamniotiques). Chaque cas de figure présente ses propres particularités médicales.
À l’opposé, les jumeaux dizygotes, « faux jumeaux », résultent de la fécondation de deux ovules distincts par deux spermatozoïdes différents. Ils partagent, comme tous frères et sœurs, la moitié de leur génome. Ils peuvent être du même sexe ou non. Chacun développe son propre placenta et son sac amniotique, ce qui limite certains risques spécifiques aux vrais jumeaux.
Pour clarifier les deux types de gémellité :
- Monozygotes : proviennent d’un seul zygote, même sexe, ADN identique
- Dizygotes : deux ovules, deux spermatozoïdes, sexes identiques ou différents, génétique distincte
Facteurs génétiques, âge, traitements : qui influence vraiment la naissance de jumeaux ?
Quand il s’agit de faux jumeaux, rien n’est laissé au hasard. Plusieurs paramètres se conjuguent pour augmenter la probabilité : d’abord, la génétique. Transmise par la mère, la tendance à la poly-ovulation se transmet parfois en silence, jusqu’à ce qu’elle se manifeste avec une double grossesse. Dans certaines familles, comme celle de Roger Federer, cette capacité saute aux yeux, ou plutôt, se lit sur les photos de famille.
L’âge de la mère joue aussi. Plus une femme avance dans la trentaine, plus la sécrétion de FSH (hormone folliculo-stimulante) grimpe, stimulant la maturation de plusieurs ovules. Ce mécanisme explique le pic de gémellité autour de 35 ans.
Les progrès de la médecine reproductive n’ont fait qu’amplifier le phénomène. La procréation médicalement assistée, les stimulations ovariennes ou la fécondation in vitro augmentent la multiplication des ovocytes, ce qui rend une grossesse gémellaire bien plus probable. La stimulation ovarienne, notamment, est connue pour favoriser les ovulations multiples, sous surveillance médicale stricte.
On ne peut pas éluder non plus les facteurs liés à l’environnement et à la nutrition. Selon les régions, les taux de jumeaux diffèrent, probablement sous l’influence de régimes alimentaires particuliers ou de conditions de vie propres à chaque géographie. Au Canada ou en France, les chiffres témoignent d’une influence subtile, mais bien réelle, de ces éléments extérieurs.
Naissances multiples : ce que la science nous apprend sur les probabilités d’avoir des jumeaux
Le taux de jumeaux varie du simple au quintuple d’un continent à l’autre. En Afrique subsaharienne, le Bénin affiche un record : une naissance sur vingt donne lieu à une gémellité. À l’autre extrême, l’Asie se distingue par une fréquence bien plus rare, autour de 1 sur 100. La France, elle, navigue autour de 1,5 %.
Attendre des jumeaux n’est pas anodin. La grossesse gémellaire comporte des risques spécifiques : accouchement prématuré, prééclampsie, diabète gestationnel, retard de croissance intra-utérin, voire malformations. Un suivi médical étroit est systématique, d’autant plus que certaines formes de gémellité, comme les grossesses monochoriales, exposent au syndrome transfuseur-transfusé, une complication redoutée même si elle reste rare.
Dans de rares cas, deux grossesses gémellaires se succèdent chez un même couple. Selon l’avis du spécialiste David Baud, ce scénario ne concerne qu’un couple sur plusieurs milliers : la probabilité oscille entre 1 sur 5 000 et 1 sur 10 000.
Au final, la science dévoile peu à peu les rouages de la gémellité, tout en rappelant que la naissance de jumeaux échappe encore à une règle unique. Entre génétique, médecine et environnement, la biologie humaine conserve sa part d’imprévisible, et c’est peut-être cela qui fascine le plus.
